La photographie s'est largement démocratisée. Chaque personne possède, volontairement ou non, un appareil lui permettant de faire des photos.
Que ce soit un smartphone, un appareil compact, en passant par les hybrides ou les reflex, tous numériques.
J'ai commencé la photographie, à l'ère du numérique, avec un Konika Minolta Z2, de 4 millions de pixels. Cela m'a réellement fait entrer dans le monde de la photographie. Le fait de pouvoir déclencher à volonté, de faire autant de photos que je voulais, c'était juste génial. Aucune idée concernant le cadrage, aucune idée de ce qu'était la sensibilité (à l'époque l'appareil pouvait monter jusqu'à 400 iso, détail que je découvre aujourd'hui!), mais bref, c'était génial pour les souvenirs, pour prendre des photos de mon fils, d'ailleurs, les disques durs, puis les sauvegardes sur CD, se sont accumulés. Au bout d'un certain temps, j'ai constaté que les capacités de cet appareil étaient limitées, et je me suis très vite intéressé au monde des appareils reflex numériques.
Le Nikon D50 fut mon tout premier reflex numérique. Augmentation de la résolution, passant de 4 à 6 millions de pixels ! La sensibilité commence à devenir un paramètre à tenir en compte, et je m'aperçois que 800 iso est une limite à n'utiliser qu'avec parcimonie, bien que l'appareil puisse monter à 1600 iso. A l'époque, je me rappelle que cette valeur ne me semblait pas utilisable. La rafale est également passée de 1.5 im/s à 2.5 im/s. Evidemment, d'autres appareils de l'époque permettaient d'avoir des résolutions, et une rafale bien meilleure, le D50 étant un appareil d'entrée de gamme, mais la possibilité de compléter l'optique de base (un 18-55 à l'époque), c'était juste génial, moyennant finances...
Là aussi, les photos se sont multipliées, ont pris du volume, et le traitement a commencé à m'intéresser. Adobe Photoshop Lightroom, puis Aperture, en passant par Adobe Photoshop.
Fréquenter des forums de photographie, où la retouche était largement sollicitée (la photo serait mieux sans ce petit détail, enlève la feuille, le bout de branche dérange, il faudrait le supprimer), cela m'a permis de me rendre compte que cette pratique, appliquée à outrance dans certains cas, ne m'intéressait guère.
J'ai toujours préféré passer du temps lors de la prise de vue, plutôt que des heures derrière l'écran de l'ordinateur. Et les retouches qui étaient encouragées par les participants aux forums prenaient beaucoup de temps, pour un résultat qui premièrement ne me satisfaisait que rarement, et qui finalement n'avait pas beaucoup de sens à mon goût. Je mettrai cela sur ma méconnaissance à l'époque des logiciels de retouche d'image.
Les appareils photos évoluent, les logiciels aussi. Hier, faire une photo à 1600 iso, c'était se confronter à une qualité d'image ne permettant pas d'être exploitée, aujourd'hui, 25000 iso donnent des résultats tout à fait exploitable, et tutoyer la limite des 100'000 iso est presque banal. Pour les logiciels, supprimer un élément d'une photo se fait en quelques secondes, et des retouches un peu plus compliquées sont facilement à la portée de photographes amateurs comme moi.
Lorsque je rentre, par exemple, d'un concours d'agrès auquel ma fille Emilie a participé, je constate que la technique me permet d'obtenir des photos nettes, avec peu de lumière. Des photos qu'il ne m'aurait pas été possible de réaliser il y a 15 ans en arrière. La technique de l'appareil photo, mais également les logiciels de traitement d'image nous poussent vers des limites difficilement imaginables il y a quelques années. Mais malgré cette facilité, la plupart des gens ignorent qu'une fois rentré à la maison, et les photos déchargées des cartes mémoires, le plus difficile reste à faire.
Je vois déjà l'argument : "si tu es un bon photographe, pourquoi fais-tu autant de photos ?" Du temps de l'argentique, et des pellicules à 36 poses, les choses étaient différentes. Mais prenez en photo des personnes en train de faire du sport, et malgré la qualité et la netteté de la photo, si vous n'avez pas envie de vous faire haïr par la personne, vous ne garderez pas la photo
Une fois les photos transférées, il faut les trier. Le tri se fait rapidement, personnellement, je le base sur la netteté, et les mimiques des personnes prises en photo. Afficher la photo, la regarder, zoomer si nécessaire, cela prend vite une dizaine voire une quinzaine de secondes. Pour 500 photos, cela représente environ 1h30. Une fois le tri effectué, il reste à faire la sélection. A quoi bon montrer dix bonnes photos de la même personne dans des positions quasi identiques ? Pour l'exemple des agrès, par discipline, j'essaie de me limiter à 4 ou 5 photos par gymnaste. Le sélection des photos est également coûteuse en temps. Et au mieux, cela prend autant de temps que le tri.
Evidemment, si vous possédez un appareil dont l'autofocus ne vous lâche jamais, et qui est capable de faire des photos dans la nuit, je vous laisse imaginer le nombre de photos "ratées" que vous aurez éliminées lors du tri. La sélection sera d'autant plus longue...
Vient ensuite le traitement. Le développement à proprement parler. Recadrage, légère correction de l'exposition, réduction du bruit, ajout de contraste, ajustement de la saturation, les possibilités sont très étendues, et les outils informatiques actuels nous permettent presque de faire des miracles.
Pour voir un peu mieux de quoi je parle, j'ai trouvé un petit exemple. Certes, il n'est pas forcément le meilleur exemple, mais je le trouve suffisamment parlant.
La photo de base, sortie directement du boîtier :
Et un petit passage, il faut compter environ une minute, les corrections étant relativement minimes, dans DxO Photolab (le logiciel que j'utilise le plus) :
Le résultat n'est pas miraculeux, mais il a été possible de rattraper le contre-jour, d'une manière somme toute efficace.
Donc au final, en rentrant avec 500 photos, je me retrouve avec facilement 3 à 4 heures devant l'ordinateur. Et il est très facile de laisser dormir les photos sur le disque dur, de les accumuler, et de se retrouver avec des milliers, voir dizaines de milliers de photos à traiter, en se maudissant d'avoir repoussé au lendemain le travail devant l'ordi que l'on aurait pu faire le jour même.
Faire ses photos sur un smartphone, ou avec un appareil photo, et les laisser sur la carte mémoire, sans se dire qu'une photo au final est faite pour être montrée, voire imprimée, c'est relativement facile. Tout le monde peut le faire. Et on ne se rend pas toujours compte du travail "invisible" et sous-jacent.